Le sacre de la prohibition ! Voilà un principe qui donne du charme à la vie. Plus elle est interdite, mieux elle suscite la curiosité. C’est peut-être dans le même état d’esprit que les producteurs hollywoodiens refusent de montrer le membre viril à l’écran.
La censure de l’organe génital mâle au cinéma continue de nourrir les débats. Parmi ceux à avoir réagi récemment sur la question, nous avons Kevin Bacon. Pour une meilleure visibilité du pénis à l’écran, le comédien vient de lancer un mouvement baptisé #FreeTheBacon depuis les réseaux sociaux.
Si comme M. Bacon une partie des cinéphiles souhaite voir du membre viril à l’écran, l’industrie américaine du cinéma reste imperméable sur la question. Il y aurait plusieurs raisons qui pourraient expliquer cette censure.
Dans un premier temps, on notera que le code Hays imposait aux producteurs de recourir à des « chastes baisers », à des «interludes symboliques » ou à des « fondus en noir » pour représenter des scènes de sexe.
À cette raison qui relève du domaine juridique s’ajoute une raison psychanalytique. Certes, mettre le projecteur sur le sexe mâle ne devrait causer aucun problème aux producteurs. Néanmoins, une majorité des téléspectateurs hétéros restent sensibles, voire réticents, à l’idée de voir le membre viril à l’écran.
À ce propos, le cinématographe américain Peter Lehman précise que «Hollywood est principalement contrôlé par des hommes, qui refusent de soumettre les corps masculins aux mêmes formes d’objectification et d’évaluation que celles qu’ils imposent aux corps féminins». Michel Bondurand, cinématographe français, partage le même point de vue en précisant que le phallus doit rester caché dans la mesure où il représente un certain pouvoir. D’ailleurs, un point de vue pareil ne relève-t-il pas du machisme ?
Quoi qu’il en soit, la tendance semble de plus en plus s’inverser. L’influence du culturisme depuis l’époque de l’après-guerre a favorisé l’apparition des images représentant des hommes en torse nu. Le phénomène rock a pris le relais avec des artistes portant des pantalons moulants. Aujourd’hui même, certains producteurs osent mettre les hommes en slip en gros plan.