Oser en parler
Tous les ans, environ 235 000 personnes perdent leurs époux/-se, 80 % d’entre eux étant des femmes. Parmi ces derniers, 30 000 personnes voient leur conjoint mourir avant même d’atteindre l’âge de 55 ans. L’on s’imagine souvent que la sexualité est un des sujets que les personnes en deuil refusent d’aborder, une idée reçue infondée. Pour preuve, le sexe fait partie des choses qui manquent le plus aux trois quarts des femmes âgées qui ont perdu leur conjoint, rapporte le New York Times. Et parce que l’âge rend difficile la possibilité d’avoir un nouveau partenaire sexuel, 76 % d’entre elles souhaiteraient que leurs amis prennent l’initiative de parler de sexualité avec elles. Il n’y aurait même pas besoin d’être explicite, les sous-entendus peuvent suffire. On peut, par exemple, leur demander si elles regrettent leur intimité… Quelles que soient les causes ou les circonstances du décès (accidents, maladies, etc.), il faudrait oser en parler et dépasser cet état de réserve.
Quelle réaction face au deuil ?
Comment réagir en cas de deuil ? Cela dépend de la personne : certaines peuvent castrer leur libido tandis que d’autres se découvrent une soudaine envie de vivre. C’est de là que viennent les relations sexuelles en pleines funérailles. Il n’est pas non plus étonnant de voir des conjoints décider d’avoir enfin des enfants après la mort de leurs parents. Quand on est endeuillé, la mort nous transforme. Elle a également une influence sur les proches de l’endeuillé. On se remet en question, on remet en question son existence, on ressent une certaine peur de vivre quand on côtoie la mort de près. Ainsi, on s’empiffre, sans oublier de boire, le tout se soldant parfois par une partie de jambes en l’air. L’or remarque également un certain flou au niveau du code social en matière de sexualité après la mort de son conjoint. Aucune loi, aucune norme distincte n’en fait mention, ce qui rend difficile le fait de savoir ce qui est possible et acceptable ou non. Bien que le départ de l’autre signe le début d’une toute nouvelle vie, qualifiée de vide sans sa tendre moitié, il ne met pas fin à la sexualité. Malgré la volonté de vouloir honorer sa mémoire, la respecter et demeurer fidèle envers elle, notre corps ne peut rester insensible aux pulsions sexuelles qui ne peuvent pas s’éteindre.
Vouloir du sexe, un droit à saisir
Savoir interpréter le silence ou les attitudes des personnes endeuillées est essentiel. Derrière leur silence ou leur peine peuvent se cacher des sentiments plus complexes. Parfois, ils cachent même une libido qui ne demande qu’à être stimulée. L’on a tendance à vouloir protéger les veufs, sans savoir de quoi, ni pourquoi. Ils peuvent avoir envie de sexe, et ne doivent pas s’en priver. Parfois, leur entourage n’attend que leur bénédiction pour se jeter à l’eau, car après tout, il ne s’agit que de sexe… Tourner la page, sans forcément oublier les belles années vécues avec son conjoint, est possible. Après un veuvage de 10 ans, plus de la moitié des hommes et un tiers des femmes se remettent en couple. La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques avance même, en 2012, qu’en seulement deux ans après la mort de leur conjoint, 27 % des hommes et 10 % des femmes fondent une nouvelle vie de couple avec quelqu’un d’autre. La durée ne devrait rien avoir avec l’envie de sexe, elle peut se manifester tôt ou tard suivant le décès. La fidélité est aussi une question récurrente à laquelle il faudrait renoncer, car le veuf ou la veuve est un célibataire qui peut très bien refaire sa vie, qu’importe ce que son entourage en pense.
En somme, on peut très bien redevenir actif sur le plan sexuel après la mort de l’être aimé, c’est un fait des plus naturels, sans l’oublier ni oublier le merveilleux passé vécu avec lui. Toutefois, le coït à ce stade peut être difficile, s’habituer à un autre prend du temps et demande de la volonté.