Un atelier avec des objectifs pratiques
Afin de temporiser l’impact que peut avoir la question sexuelle sur l’ensemble de la société, et dans l’objectif de gérer la situation, la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA) et la Société Tunisienne de Sexologie Clinique (STSC), ont tenu, vendredi dernier, un atelier portée sur à l’approche médiatique des sujets liés à la sexualité.
Spécialistes, médecins, sexologues et psychiatres, ainsi que des sociologues, journalistes et membres de la HAICA ont pu alors profiter de cet atelier pour faire un point sur les règles de base à appliquer pour faire face à des sujets délicats.
L’atelier se veut pratique
« La recherche du Buzz est aussi omniprésente, notamment par le recours à des termes bien précis, qui n’ont souvent rien à avoir avec le sérieux des sujets abordés, ou à des détails gênants et non pertinents » dixit Radhia Saïdi de la HAICA. « Nous avons décidé d’opter pour une approche participative pour aborder ce sujet. À ce titre nous avons organisé cet atelier et avons tenu à être partenaires avec la STSC pour que nous puissions élaborer un document de référence, comme nous l’avons fait avec le cas des sujets relatifs au terrorisme, pour encadrer et dresser un cadre de référence qui serve de guide aux journalistes et animateurs. Dans ce cadre, cet atelier de sensibilisation, mais aussi de formation permettra de déboucher sur des recommandations et des conseils pratiques à prendre en compte lors du traitement de ce genre de sujets » dit-elle.
Le respect des règles est de rigueur
« Ce genre de sujets est pluridimensionnel et nous avons choisi de parler de régulation et d’autorégulation dans le cas des sujets relatifs à la problématique de la sexualité. En Tunisie nous avons opté, comme pour la plupart des pays européens, pour une régulation basée sur les droits publics. À ce titre, les médias ne sont pas considérés comme des entités commerciales, mais plutôt sous l’angle de la portée culturelle qu’ils détiennent » a affirmé, de son côté, Hichem Snoussi, un autre membre de la HAICA. « La liberté d’opinion n’est pas la liberté d’expression, et si la première est quasi absolue la seconde est soumise à des règles et doit respecter un certain nombre de points. Si nous revenons au décret-loi 116 qui régit la HAICA nous retrouvons ces règles qui édictent le respect de l’intégrité de l’individu, des droits de l’Homme et de l’enfant comme ce que nous trouvons d’ailleurs dans les référentiels internationaux. Ces codes d’éthique n’ont regrettablement pas le même poids ici qu’en occident » a-t-il expliqué.
Le rôle de « sensibilisateur » avant tout
Ines Derbel, psychiatre spécialiste en sexologie et membre de la STSC a mis en exergue le rôle des médias dans l’éducation sexuelle, « un sujet encore tabou ». Elle a déclaré que les médias sont une source d’information que l’on ne peut sous-estimer et qui disposent d’un certain niveau de crédibilité auprès du public, qui rend importante la véracité de ces contenus. « Ils ont donc une responsabilité sociale, à travers la sensibilisation et l’information, envers le public cible. Il est primordial de traiter ce genre de sujets et de souligner qu’ils font aussi partie de la sphère publique et sociale et non uniquement du domaine du privé. En parler oui, mais surtout savoir véhiculer l’information ! » A-t-elle insisté.
« Les médias cherchent l’audimat, certes, mais il ne faut pas perdre de vue le volet préventif et informatif de ces sujets délicats et souvent très méconnus et sujets à des opinions basées sur les clichés et les préjugés. Il faut éviter le piège de la surreprésentation qu’on constate souvent en Tunisie, notamment pour le cas des agressions sexuelles parfois surmédiatisées. Cela peut avoir un effet contraire à l’objectif primordial qui est de sensibiliser sur le sujet. La sexualité englobe plusieurs volets, dont les aspects affectifs, émotionnels et culturels. C’est un sujet très vaste sur lequel il n’y a pas de tabous, tous les sujets méritent d’être traités, si on sait les aborder de la bonne manière » a affirmé Mme Derbel.