‘Ne laissez pas les séries anéantir votre vie de couple.’ Pour se faire connaître auprès de sa clientèle, « Passage du Désir » – comptant déjà 8 lovestores en France – a décidé de dévoiler au grand jour un des pires ennemis de l’épanouissement sexuel des couples : l’overdose de séries télévisées. Qu’en est-il vraiment ?
Pas de problème du côté des Français
Enquête sur la Sexualité en France a conclu qu’en moyenne, les Français feraient l’amour 8,7 fois par mois. La statistique classée par groupe d’âge positionne les 55-69 ans comme étant les personnes les moins actives, mais qui ont quand même 6,4 rapports mensuels. Plusieurs articles publiés dans la presse, Anglo-saxonne et Française faisant référence à cette étude prônent en effet que la fréquence et le nombre des rapports sexuels ne cessent dégringoler, surtout en Grande-Bretagne. Un statisticien pense même qu’avec un tel rythme, les couples n’auront plus de vie sexuelle dans une quinzaine d’années.
La presse joue un peu trop avec les chiffres
Même si c’est une simple blague, cela reste une source d’hypothèses : certains journalistes interprètent les propos au premier degré, tout en faisant des commentaires ciblant les couples qui seraient à l’origine de la baisse de la moyenne nationale des relations sexuelles. Malheur aux mauvais coucheurs! Toutefois, la réalité, comme le révèle Michel Bozon, c’est que la baisse des chiffres (de 5 à 3, donc) est sans doute surévaluée : elle correspond effectivement à ce qu’il désigne comme étant les ‘nombres médians de rapports sexuels’ (Frequency of occasions of sexual intercourse) qui ont pour impact d’accroître la valeur des chiffres bas”, car ils créent une confusion dans la statistique des couples et celle des célibataires.
Pourquoi les Britanniques font l’amour de moins en moins ?
D’après le résultat de cette étude, le fait que les couples fassent l’amour moins souvent n’est pas le problème. C’est plus parce qu’il y a un nombre plus élevé de célibataires, comparé à ceux qui sont en couple. Si les chiffres ne sont pas en faveur du “sexe”, c’est parce que les Britanniques prennent du temps pour se mettre en couple, et en même temps, les séparations se font de plus en plus nombreuses. Pendant une conférence ouverte au grand public, en juin 2016, The Telegraph rapporte, Spiegehalter mit la baisse de la fréquence des activités sexuelles au Royaume-Uni sur le dos des séries télévisées.
Le smartphone n’y est pour rien
De prime abord, en Grande-Bretagne et ensuite partout en Europe, l’affolement se répand telle une trainée de poudre. Un certain nombre de journalistes dénoncent sans fondement le phénomène à travers des titres captivants comme étant la crise qui, soi-disant, attaque “les couples” du Royaume-Uni (même si en vrai, ce serait un problème causé par le grand nombre de célibataires). Cette affirmation a déjà sûrement atteint tout l’Occident. Mais en réalité, ce ne sont que des “titres”, car une fois avoir épluché le contenu afin de trouver des preuves, il s’avère que celui ou celle qui l’ait écrit ne font qu’exprimer leur petite touche d’ironie.
Il s’agit d’y croire… ou pas
Michel Bozon de dire qu’aucune étude n’a démontré une quelconque relation néfaste entre la vie sexuelle et le petit écran. D’autant plus que certains psychologues clament haut et fort le contraire : les séries TV auraient une belle influence sur la sexualité. On dit que quelque chose existe quand on le veut : en effet, si on se laisse manipuler par quelque chose que ce soit, il y a bel et bien une influence qui s’établit.
Que des préjugés !
Selon Michel Bozon, ces affirmations –qu’il appelle d’ailleurs des “théories”– n’ont eu et n’auront toujours qu’un seul objectif, qui est de servir l’intérêt d’un divertissement médiatique organisé autour de fausses discussions basées sur des postulats désuets, de stéréotypes inquiétants et des idées reçues. Le domaine d’activité creuse sa tombe : non seulement il joue aux policiers du sexe, mais il surfe sur les inquiétudes et les paniques les plus enfouies, amenant –tout comme la pub– à semer dans les esprits la théorie que les écrans sont nocifs et que le sexe fait du bien seulement s’il est pratiqué à une telle ou telle fréquence par mois.