Avoir une vie sexuelle épanouie devient de plus en plus un luxe pour les femmes actives. Entre boulot et tâches ménagères, la fatigue et le stress les attendent au tournant. Résultat : le désir sexuel n’est plus au rendez-vous et la vie de couple en prend un sacré coup. Quand le boulot tue la libido, c’est souvent choquant de l’entendre dire. Et pourtant, ce phénomène devient le « nouveau mal du siècle » touchant un bon nombre de femmes. Carrière ou vie de couple ? Les femmes actives sont-elles vouées à faire un choix draconien concernant leur sexualité ? Trouver l’origine de ce fléau pourrait aider les « work addict » à retrouver leur libido. Des experts font le point sur ce phénomène de société.
Stress et horaires chargés
C’est bien beau d’avoir un poste à responsabilité mais souvent cela rime avec horaires de travail surchargés. Conséquence, arrivée à la maison, la working girl ne pense plus qu’à retrouver son lit pour se reposer. Il y a 5 ans, une enquête a d’ailleurs été lancée concernant la sexualité des employés après le boulot. Plus de 1 500 salariés ont été ainsi interrogés. 72,6% des interviewés ont affirmé que la « fatigue accumulée durant leur journée de travail les a déjà empêché de faire l’amour le soir ». 66% ont avoué que le stress a eu un impact négatif sur leur vie sexuelle et même amoureuse. Quant à ces troubles du désir, les femmes en sont plus touchées que les hommes, soit 84% contre 65,4%.
Nouvelle technologie et la difficulté à lâcher prise
Et quand la passion du travail s’invite à la maison, les barrières s’écroulent. Comme le cas d’Hélène, 42 ans, responsable marketing au sein d’une société informatique : « Les jours où je rentre plus tôt, dès que j’ai couché mes deux enfants, je me reconnecte. C’est un vrai problème, ce « no limit » entre vie pro et vie perso. Quand j’arrive dans mon lit, souvent je n’ai plus envie de rien ». Jean-Claude Delgènes, directeur général de Technologia, à l’origine de ladite enquête, dénonce alors ce phénomène de société : « L’emprise du travail et son pouvoir symbolique sur la vie sexuelle et amoureuse ne font que s’aggraver ». Et l’évolution technologique ne fait qu’accroître ce mal. « Les individus n’arrivent plus à lâcher prise. On leur demande de plus en plus, mais ils sont souvent eux-mêmes compulsifs avec le travail, de plus en plus connectés même en vacances ».
Syndrome du Désir Sexuel Hypoactif
La situation actuelle est alarmante, si bien que la moitié des femmes adultes serait touchée par le syndrome du DHS ou Désir Sexuel Hypoactif. Pascal de Sutter, sexologue, explique que cette déficience du désir sexuel serait liée au travail. Les femmes sont encouragées à performer sur tous les plans. Quant au médecin sexologue Patrick Papazian, il dénonce la fatigue et le stress comme étant les sources du problème. « La fatigue physique est la grande responsable » dit-il. Et ce mal touche toutes les CSP: de la caissière à la business woman. Enfin, celles qui « subissent » le travail se retrouvent avec une libido à zéro.
Workaholic, travail et jouissance
Par contre, pour les workaholic, le travail devient leur amant. La libido serait toujours là, par contre l’objet du désir a simplement changé : le travail. Comme le cas de Camille, 47 ans, romancière. « J’ai des souvenirs plus intenses d’écriture que de moments de sexe. (…) C’est presque masturbatoire. Je n’ai besoin de personne, je suis sûre de trouver mon plaisir » avoue-t-elle. Comment cela s’explique-t-il ? « Le travail, c’est le contrôle, tout le contraire de l’abandon que nécessite le désir. Pour les femmes, en particulier, il exige d’étouffer tous les signaux de désir si l’on veut mener sa carrière le plus sereinement possible » explique le médecin Patrick Papazian.
« Le désir sexuel suppose une dimension d’échange, de partage, de don » alors que le travail « la jouissance est davantage solitaire » renforce Florence Lautrédou. Ainsi, pour favoriser une rencontre sexuelle, il faudrait savoir lâcher prise un instant, sortir de sa bulle narcissique, le temps « d’aménager un espace pour son partenaire ». Il faut savoir se « rendre disponible » pour l’autre.