Si certains pensent que tromper n’a jamais été aussi facile actuellement, c’est parce qu’il est plus facile de communiquer à distance. Et ce qui nous a apporté cette « révolution », c’est notre smartphone avec ses propres modes de communication (SMS, MMS, tchat, like, poke) qui est devenu rapidement une tendance. Pourtant, les tentations qui fragilisent la monogamie ne datent pas d’hier. Ce qui a changé, c’est la rapidité avec laquelle les conversations peuvent passer à une invitation sexuelle. Mais sans sortir du monde virtuel, peut-on parler d’infidélité ?
Sexter, est-ce de l’infidélité ?
La communication via les outils numériques a inventé cette notion de « temps réel » qui a développé très vite le niveau de dialogue. La distance géographique ne compte plus, elle est devenue psychologique. Et cette possibilité de communiquer avec une personne sous un pseudo fait tomber les tabous habituels. Seul ou pas, on a toujours cette habitude de chercher une personne à qui discuter pour un moment. Un sondage affirme que sexter n’est pas considéré comme une tromperie pour un tiers des femmes et des hommes.
Témoignage
Pour Marion, en couple depuis une dizaine d’années : « La fidélité est l’un des piliers de mon couple mais conserver un jardin secret nous semble à tous les deux primordial, c’est pourquoi les petits flirts virtuels ne comptent pas. Pour moi, tant qu’il ne se passe rien de concret, on n’est pas dans la tromperie. » Cette trentenaire possède un compte Tinder qu’elle considère comme un espace de décontraction. Elle n’a jamais rencontré ses contacts rajoutant une étincelle (le match) et ne compte pas le faire mais apprécie le dialogue avec ses prétendants. Comme Marion, 42% des utilisateurs de Tinder sont en couple dont 30% sont mariés.
Avis des spécialistes
Selon Gérard Mermet, sociologue spécialiste de l’analyse des modes de vie : « La notion de fidélité est totalement modifiée lorsqu’une personne utilise une autre identité, ou se présente comme un “autre” à son interlocuteur. Il y a alors un dédoublement de personnalité, dans une démarche de type schizophrène. Elle ne peut se sentir infidèle à son identité “réelle”, puisqu’elle en utilise une autre pour “sexter” et que celle-ci ne lui impose par de contrainte de ce type. »
Pour Elsa Godart, philosophe et psychanalyste qui a publié un essai sur les métamorphoses du moi à l’ère du virtuel, « Cette personne avec laquelle on échange, ou avec laquelle on “sexte”, tant qu’on ne la rencontre pas en chair et en os, semble virtuelle. Pourtant, elle est réelle dès le premier échange ». Dans ce cas, il est difficile de déterminer à quel moment débute l’infidélité.
D’ailleurs, les statistiques suivantes montrent que la fidélité est un concept « hypocrite » : 85 % des adultes sont contre l’infidélité, toutefois 60 % des hommes et 45 % des femmes avouent l’avoir fait au moins une fois dans leur vie. En outre, un autre sondage nous informe que 71 % des Français affirment n’avoir jamais trompé leur partenaire.
En conclusion, chacun a sa notion de fidélité ou d’infidélité.