En quoi consiste le concept ?
En voyage au bout du monde, dans une terre inconnue, une femme peut se poser des tas de questions : où puis-je effectuer un dépistage du VIH dans ce pays ? Où pourrais-je trouver des tampons ? Que signifie « avortement » dans telle ou telle langue ?… Si auparavant, elles peinaient à y trouver réponse, aujourd’hui tout devient facile, grâce notamment à Gynopédia.
Ce Wikipédia dédié spécialement aux droits et à la santé sexuelle et reproductive de la gent féminine est vraiment un concept innovant et avantageux. De plus, il est simple à utiliser. Les utilisatrices n’ont, en effet, qu’à insérer le nom d’un pays ou d’une ville pour que tous les résultats relatifs à sa question s’affichent.
Les informations en ligne manquent
C’est en juillet 2016 que Lani Fried, enseignante de métier fait le lancement de sa plateforme. En pleine préparation de son voyage dans différentes localités de l’Asie, la jeune femme originaire de Francisco se rend compte qu’elle ne sait aucunement pas, comment elle pourrait avoir accès au moyen de contraception une fois sur place. « Que faire si je tombe enceinte ? Où vais-je faire mon frottis annuel ? […] Le manque d’information a été un sujet incessant dans ma vie et je suppose que beaucoup d’autres femmes ressentent la même chose » illustre-t-elle sur Gynopédia.
« Maintes et maintes fois, j’ai eu besoin de conseils de locaux tout en ne trouvant pas beaucoup de ressources en ligne ». Si les adresses des meilleurs restaurants, des activités à faire et des choses à voir dans telle ou telle région sont richement présentes sur la toile, Lani a réalisé qu’il était difficile de se documenter sur la santé féminine. « C’est comme ça que Gynopédia est né », ajoute-t-elle.
Comment la plateforme s’est construite
Au début, Lani qui vit actuellement à Hanoi, au Vietnam, a partagé ses propres expériences sur son site dans l’objectif de l’alimenter. « C’est beaucoup de travail pour développer et gérer un site avec autant d’informations, mais c’est aussi incroyablement enrichissant », explique-t-elle. Pour faire connaître son projet et le mettre en œuvre, elle noue par la suite contact avec des groupes Facebook et des ONG qui s’intéressent spécifiquement à la santé féminine.
Gynopédia appliquant le même principe que Wikipédia, chacun est donc libre d’y insérer du contenu. Sur sa page Facebook, l’instigateur de cette plateforme encourage vivement ses semblables à enrichir le site. « Chacun a des infos essentielles à partager, et d’autres gens ont besoin de ces informations. […] Plus on aura de collaboratrices plus on va construire une connaissance collective, nous donner de la force et permettre à d’autres femmes de prendre des décisions éclairées, quant à leur corps », écrit-elle.
Gynopédia, un site riche en information
Gynopédia donne des informations sur différents sujets, notamment sur le planning familial, les méthodes de contraception, les tests d’IST et MST, des questions qui se rapportent à la grossesse… Ce site permet également à ses visiteurs de se renseigner sur pas moins de 80 villes situées dans 60 différents pays. À l’heure actuelle, la version française de cette page web n’est pas encore disponible. En outre, ce site ne s’adresse pas uniquement aux expatriés et aux globetrotteuses. « Avant tout, la mission de Gynopédia est de fournir des infos pratiques et non moralisatrices », avance Lani.
Donald Trump à remercier ?
L’entrée au pouvoir du nouveau président des États-Unis a causé bien de remous et Lani atteste que c’est en partie l’élection de ce dernier qui l’a décidé à concrétiser son projet. Le chef d’État américain actuel bafouant délibérément et explicitement les droits des femmes, il est capital d’instaurer un accès à des données fiables sur la santé féminine martèle la jeune femme. « Quand les internautes contribuent à Gynopedia, ils permettent aux gens de connaître les lois et leurs droits reproductifs. Ils permettent de leur faire savoir quelles options sont possibles pour eux, combien ça va leur coûter et qui peut les aider. Quand les femmes partagent leurs conseils, c’est de l’émancipation : elles se donnent les moyens de lutter pour l’accessibilité, l’abordabilité et le choix », conclut-elle.