C’est dans la plus grande ville de la Corée du Sud qu’un tabou qui a perduré depuis plusieurs générations va être brisé par les jeunes étudiants de l’université nationale de Séoul (UNS). En effet, c’est une grande première pour cette prestigieuse université d’avoir une estudiantine homosexuelle comme présidente des étudiants. Un pas déjà significatif pour la communauté car pour l’heure l’homosexualité et les discriminations afférentes sont encore belles et bien tenaces.
Une victoire écrasante
Du haut de ses 23 ans, Kim Bo-Mi ne cache pas son orientation sexuelle. La jeune étudiante en sciences de l’éducation est homosexuelle et fière de l’être. Le 1er Décembre dernier, celle-ci a remporté une victoire écrasante qui l’a placé à la tête des étudiants de l’UNS. 86,6% des voix remportées lors des élections effectuées en mi-Novembre. Mais comment cette jeune femme a remporté autant de voix dans ce pays très fermé sur l’homosexualité ?
Un coming-out en guise de stratégie électorale
C’est sur ce point que Kim Bo-Mi a dirigé sa campagne. Lors de ses propagandes, elle y annoncé son orientation sexuelle. Une stratégie qui a bien fonctionné car la majorité des étudiants y ont porté un grand intérêt. « Je veux qu’à l’UNS chacun puisse avoir confiance en ce qu’il est. Je souhaite un monde où chacun n’ait pas à adhérer à ce qui est considérée comme ‘normal’, et c’est pourquoi que je vous annonce aujourd’hui que je suis lesbienne » a-t-elle déclaré le 4 Novembre dernier.
Des jeunes de plus en plus ouverts d’esprit
A travers les résultats de l’élection, Séoul fait face à une nouvelle génération de jeunes qui sont de plus en plus ouverts sur les minorités sexuelles. Et c’est une tendance qui a également été constaté par l’institut Asan lors d’un sondage. En effet, si en 2010 le taux en faveur des mariages homosexuels était de 16,9%, aujourd’hui, il est passé à 28,5% chez la population en général. Du côté des jeunes de vingt ans, ce taux est relativement plus élevé soit 30,5% en 2010 et 60,2% en 2015. En outre, la fin du tabou de l’homosexualité se traduit également par la hausse des participants à l’évènement Gay Pride: 50 participants en 2000 contre 20 000 en 2014.
Des « pour » et des « contre »
Bien sûr, cela aurait été un genre d’utopie pour la communauté LGBT si la population sud-coréenne aurait toute été en faveur de l’homosexualité. Car si la plupart des jeunes sont « pour », il existe encore une vive résistance face à cette évolution des mœurs. Les fortes valeurs conservatrices telles que le confucianisme et les dogmes conservateurs des églises protestantes du pays constituent encore des freins à cette révolution. En guise d’exemple, si le mot amour « sarang » a été traduit comme étant un « sentiment d’affection entre deux personnes » en 2012 dans le dictionnaire officiel du pays, en 2014 il a été changé par « sentiment d’affection entre un homme et une femme » suite à une requête des organisations protestantes.