Le projet de loi AB1576 sponsorisé par Michael Weinstein du groupe AIDS Healthcare Foundation, sur le port obligatoire de préservatif dans l’industrie pornographique, a bien déclenché des vagues de réactions auprès des responsables de production de films X et auprès des acteurs.
Casey Calvert, une actrice du X, primée pour ses performances au petit écran, parle du port de préservatif dans son milieu de travail.
La décision de Casey à faire de la pornographie n’a pas été facile. Elle a passé plusieurs mois à peser le pour et le contre d’une telle activité. Pour cela, elle en discuta avec des filles qui travaillent dans ce domaine, avec des agents, avec des directeurs de production, et même avec ses parents et son petit ami. Au final, la santé sexuelle se retrouve toujours en tête de liste de ses préoccupations.
Ce qui l’a finalement convaincu à pratiquer l’activité ? «Je me suis lancée dans la carrière en me disant que la récompense était plus importante que le risque. Et j’avais raison. Côté sexe, je me sentais en sécurité à chaque fois que je partais travailler. Mais le projet de loi AB1576 va tout changer. » Dit-elle.
Jusqu’à maintenant, Casey n’a porté de préservatifs au boulot que rarement. S’il s’agit d’une requête de la maison de production ou de son partenaire de scène, elle ne s’y oppose pas. « Mais que les choses soient claires, je préfère tirer un coup sans préservatif », renforce-t-elle.
Le port de préservatif est moins rassurant pour elle. Explications ci-dessous.
« J’ai confiance au système de test que nous avons actuellement. Ce n’est pas parfait mais ça marche. Ce test s’intitule Performer Availability Scheduling Services (PASS). Il est dirigé par la Free Speech Coalition, une association à but lucratif pour l’industrie du spectacle pour adulte. Tous les 14 jours ou moins, chaque acteur doit passer des tests pour le VIH, la blennorragie, la chlamydia, la syphilis, l’hépatite B et C, la trichomonase. Si les tests sont négatifs, les acteurs obtiennent un checkmark vert à côté de leur nom légal sur leur laisser-passer. Par contre, si les résultats sont positifs, l’acteur reçoit un appel téléphonique les notifiant du résultat. La blennorragie et la chlamydia sont traitées dans l’immédiat. Puis, ils refont un test 7 jours après. Si quelque chose de plus sérieux est détectée, non seulement l’acteur concerné obtient un traitement, mais tous les acteurs au niveau de la production obtiennent un délai pour prendre les mesures nécessaires » explique Casey.
Le préservatif n’est pas pratique lors des scènes de sexe
« Il n’y a jamais eu de transmission de VIH depuis 10 ans.», ajoute-t-elle. Alors, pourquoi en porter sur les lieux de travail ?
Son utilisation à titre personnel, toutefois, est un cas différent. « A la maison, c’est autre chose. Je les utilise régulièrement. Par contre, les préservatifs ne sont pas conçus pour les prestations dans les films érotiques. En effet, à la maison, un rapport dure en moyenne 10 minutes, alors qu’au boulot ça peut prendre 1 heure. Il y a beaucoup de va-et-vient qui entraîne beaucoup de friction », dit-elle.
Après de longue séance de sexe sans préservatif, l’intérieur du vagin est juste endolori. Avec un préservatif, les parois du vagin et de l’anus sont frottées à vif ce qui entrainent parfois des irritations voire des micros coupures. En plus de la douleur, ça prend du temps à guérir. Du coup, l’actrice est parfois sceptique lorsqu’il s’agit de travailler avec les préservatifs.
Par ailleurs, selon l’actrice, il n’est pas rare qu’un préservatif se déchire pendant une scène porno. Il arrive même qu’il se perde dans l’orifice pendant l’acte. Dans l’industrie pornographique, cela s’appelle « une pèche ». « Une fois, le préservatif s’est cassé et parfois s’est esquivé à l’intérieur de moi. Il a fallu alors le chercher à l’intérieur de mon orifice », raconte-t-elle. Ainsi, au niveau de la productivité, cela n’est pas très pratique. Il faut à chaque fois arrêter le tournage afin de « pécher » le préservatif dans le vagin, chercher un nouveau préservatif, l’enfiler et recommencer le tournage. « Ça peut être fatigant à la longue. Nous n’avons pas besoin d’un autre facteur qui rende notre boulot encore plus difficile que ça ne l’est déjà ».
En outre, elle se retrouve plus vulnérable face aux MST à cause des micros coupures dans son vagin, ou à cause des défaillances des préservatifs. « Encore une fois, tout ceci démontre que l’objectif du projet de loi AB1576 peut ne pas être atteint même si ce projet de loi s’applique ».
Le port de préservatif fait décroître le taux d’audience
Casey explique que l’audience de la pornographie est assez particulière. Il y a encore peu d’audience fidèle. « S’ils ne sont pas entièrement satisfaits du produit qu’on leur propose, ils vont voir ailleurs. Ils ne veulent pas de préservatifs, ils ne veulent pas de scènes ternes » dit-elle. Selon elle, les films qui seront tournés sous ce décret, s’il était appliqué, seront moins bons que les films qu’ils sont en train de produire.
Si vraiment ce décret sera mis en vigueur, les maisons de production de films X auront alors trois perspectives : soit elles quittent l’état de la Californie, soit elles tombent dans l’illégal, soit elles font faillite.
Enfin, ils sont plus de 600 acteurs pornographiques à avoir signé une pétition contre ce projet de loi. «Nous ne sommes pas contre le préservatif en soi. Nous sommes contre le fait que notre liberté de choisir a été prise. » renforce-t-elle.