Phallique, un terme qui pourrait bien décrire notre société actuelle. L’on vante tel ou tel produit pour agrandir le pénis, et dans les soirées coquines entre copines, on se targue de la dimension plus grande que d’ordinaire de l’organe reproducteur mâle de notre cher partenaire. Mais dès qu’il est question de parler du sexe féminin, les bouches se taisent et plus personne n’émet un mot. Et pourtant, comment bien le connaître si on n’en parle pas, ou si on ne le regarde pas ?
Le sexe féminin dévalorisé face au sexe masculin
Les parents et l’entourage, dès le plus jeune âge de la femme, entretiennent une culture de la peur et du dégoût vis-à-vis de son sexe. Si la petite fille affiche un peu de curiosité à son encontre et ose tâtonner pour en explorer le contour, les adultes surviennent avec un air réprobateur pour réprimander et interdire un acte pourtant porteur de découvertes et de connaissances. Une découverte qu’elle ne fera jamais durant l’enfance car plus tard, en cours de Sciences de la Vie et de la Terre, on ne fait que survoler la partie consacrée à l’étude du vagin. L’on privilégie plutôt la découverte du fonctionnement du pénis, une ironie qui ne profite plus à cette petite fille devenue trop dégoûtée pour toucher sa partie intime en vue de mieux la connaître.
A la rencontre de notre intimité
Pour pallier à ces tabous, mais aussi pour renouer la femme avec cet organe qui devrait lui inspirer une confiance en soi et un plaisir inouï, Laura Cherfi a créé le collectif associatif des « Chahuteuses ». Le but de l’association, enrayer les idées reçues concernant le sexe. Pour ce faire, des ateliers Sexplore sont tenus mensuellement, entre plusieurs femmes, et à distance. En toute intimité, chacune d’entre elles part à la rencontre de son intimité, de son corps. Les réactions sont diverses et tendent toutes vers des inquiétudes. Certaines se demandent si leur sexe est bien normal, d’autres si elles suscitent assez le désir et se mettent en colère ou se sentent tristes lorsqu’elles réalisent, à tort, qu’elles ne correspondent pas à l’idéal féminin. Les ressentis des femmes lors de la première découverte de leur vulve sont variables. Certaines en sont anxieuses, d’autres semblent heureuses, ont peur ou sont curieuses. Il faut dire que c’est un moment émouvant et important de sa vie d’oser voir en face à quoi elle ressemble et de toucher en plein fouet sa sexualité.
Pour une meilleure perception de son sexe
Les gynécologues conseillent à la femme de regarder son sexe pour mieux en apprendre sur lui. C’est en le touchant, en l’explorant, qu’elles peuvent réellement savoir si tout est normal ou pas. Après tout, on peut très bien contracter des maladies telles que le papillomavirus ou l’herpès sans relation sexuelle. Un simple contact entre les parties génitales de la femme et de son partenaire peut y conduire.
Et puis, regarder son sexe permet aussi de le connaître au naturel. Comment savoir à quoi il ressemble réellement sans le voir ni le toucher de plus près ? La femme ne peut pas se fier aux images de vagins véhiculées dans les films à caractère pornographique. Les vagins des actrices qui y jouent ne sont pas naturels, mais portent des liftings, des maquillages, etc. Ils sont presque pareils au niveau de la taille du galbe des lèvres, ce qui n’est pas le cas dans la réalité. Chaque sexe féminin est unique, différent autant en taille qu’en forme. La vulve parfaite n’est qu’un mythe !
Il est donc temps de mieux connaître son sexe et d’arrêter de lui prêter des préjugés ou des jugements qui n’ont même pas lieu d’être en temps normal. Cela pourrait amener la femme à mieux se connaître, à s’aimer telle qu’elle est et à mieux considérer cet organe du plaisir qui mérite plus d’amour que de jugements négatifs.